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Photo du rédacteurLucie et Carla

3 questions à ... Benoît Hamon

Dernière mise à jour : 13 févr. 2019

Le fondateur Génération.s s'est rendu à Lille pour une réunion publique ce lundi 7 janvier. Nous en avons profité pour échanger avec lui. Ecologie, "gilets jaunes", européennes... Il nous a livré son état d'esprit actuel.

Benoît Hamon, le 7 janvier, à Marbrerie ( Lille )

Aujourd'hui on voit une prise de conscience au sein de la population sur les questions d’écologie, avec des marches pour le climat, ou le recours en justice contre l’Etat pour inaction climatique. Quelles sont, selon vous, les solutions pour donner plus de place à l’écologie dans la politique française ?


Des solutions il n'y a que ça ! Le sujet c’est comment on change la répartition des richesses de manières à ce que les entreprises, les ménages les plus riches et les grandes fortunes contribuent en proportion de ce qu’elles polluent à la lutte contre le réchauffement climatique. C’est le choix politique que ne veut pas faire Emmanuel Macron.

Sinon il y a une solution très simple : plutôt que de taxer les carburants, vous mettez à contribution les entreprises polluantes, les banques qui financent des investissements dans le domaine de recherche et l’extraction d’énergies fossiles.

"Il faut changer de modèle de développement. Je ne dis pas que c’est simple, certains disent que c’est impossible. Nous on pense que c’est inéluctable."

Il y a même des tiroirs où vous trouverez les euros pour financer la transition écologique. La question est : est-ce qu’on se décide aujourd’hui à comprendre que le réchauffement climatique comme les inégalités sociales sont liés à une seule et même origine ? Un système capitaliste dont la vocation est d’accumuler les richesses y compris au détriment de l’intérêt général en matière écologique qu’en matière sociale.

Il faut changer de modèle de développement. C’est vertigineux, je le conçois bien. Je ne dis pas que c’est simple, certains disent que c’est impossible. Nous on pense que c’est inéluctable. On pense que les solutions existent et qu’il vaut mieux aujourd'hui se désintoxiquer par rapport à la négativité du débat politique, et repartir sur les bases qui sont celles qu’on a commencé à développer depuis plus d’un an sur le rapport au travail, la transition écologique, la protection sociale, la question démocratique et la VIème République. La grave erreur serait d’ignorer le potentiel de ce qui se passe actuellement.



"Il y a deux sortes de politiques : ceux qui veulent des solutions aux problèmes exprimés par les "gilets jaunes"et ceux qui veulent des solutions au problème des "gilets jaunes", c'est-à-dire comment arrêter le mouvement."

Certains « gilets jaunes » se rassemblent derrière des figures du mouvement, comme Jacline Mouraud qui crée son parti « Les Emergents ». Pensez-vous que ce soit une bonne solution face à la crise que connaît le pays aujourd'hui ?


Il y a une tentation de dire que le mouvement des "gilets jaunes" ne réussira qu’en anéantissant la représentation politique. En fait, il y a deux sortes de politiques : ceux qui veulent des solutions aux problèmes exprimés par les "gilets jaunes"et ceux qui veulent des solutions au problème des "gilets jaunes", c'est-à-dire comment arrêter le mouvement. On est dans ce moment de crise où on voit qu’une société malade doit faire des choix. J’espère, un peu sérieusement, que ce ne sera pas la tentation autoritaire qui dominera.

On ne sera peut-être pas d’accord, mais qu’ils s’engagent, oui. Je me réjouis que débat-là existe. J’encourage même les "gilets jaunes" à faire ce pas-là. Qu’ils rejoignent des formations existantes, qu’ils en créent de nouvelles. Donc oui, on continuera et on va même amplifier la prise de parole sur ces questions-là, mais enrichie aussi de propositions préparées avec nos partenaires européens dans le cadre du parti auquel on a adhéré au niveau européen qui s’appelle le Printemps européen, qu’on a cofondé avec Yanis Varoufakis.


"Ma responsabilité politique, c’est de remettre des repères dans la période. J’ai l’impression qu’il n’y en a plus."

Les élections européennes sont votre première grosse échéance avec Génération.s, depuis la présidentielle de 2017. Comment appréhendez-vous la campagne qui commence ?

On prend ces élections au sérieux. On ne considère pas que ce sont des élections intermédiaires où finalement tout le monde peut s’amuser un peu et faire ce qu’il veut. Pendant cinq ans, on n'arrête pas de faire des reproches à l’Europe. Arrivent les européennes, et tout le monde veut minimiser la portée de ces élections. Moi, mon message il est simple aux gens de gauche. Ma responsabilité politique, c’est de remettre des repères dans la période. J’ai l’impression qu’il n’y en a plus.

Ceux avec lesquels on a 80% en commun, on pense que c’est absurde qu’on ne soit pas sur la même liste. On l’a dit aux communistes, on l’a dit à Europe-Ecologie-Les Verts, et on le dit à Place Publique. On leur dit « Faisons une liste en commun, ça a du sens ». Ça donnerait de la force et ça serait la première liste de gauche. Ça serait probablement une liste qui pourrait tutoyer les résultats d’Emmanuel Macron et qui serait devant les conservateurs, et devant évidement La France insoumise.

Remettre des repères aujourd’hui c’est dire quelles sont les réponses de la gauche aux défis climatique, démocratique et social, et on va le faire au moment des élections européennes.

 

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